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Inauguration du 21ème salon des vins de Charmes-sur-Rhône
C’est en m’égarant, à l’automne dernier, du côté de Montélier, sur le chemin des artistes, que le thème de ce 21ème salon : « le vin des cafetiers » s’est imposé comme une évidence.
Fidèle à l’aphorisme qu’elle met en exergue sur son site, et qu’elle emprunte à Paul Cézanne, Marie Pagès qui a conçu notre affiche, ne se contente pas de peindre la vie, elle rend sa peinture vivante.
Elle décrit ainsi des scènes de la vie de tous les jours d’un style souvent qualifié de figuratif voire réaliste, mais où plane toujours ce voile, léger comme une brume, de mystère et de rêverie. Il faut y voir une marque de bienveillance de la part de l’artiste, comme s’il s’agissait pour elle de protéger ses personnages ; ou peut-être est-elle soucieuse avant tout de ne pas rompre cet instant magique et fugace où ces femmes (surtout) et ces hommes, cueillis dans leur intimité, se retrouvent face à eux-mêmes.
Car Marie Pagès est une « cueilleuse de l’intime ». Fille de cafetier, elle a sans doute développé très tôt cette faculté dans les ambiances ouatées et souvent enfumées de ces lieux de convivialité que sont les cafés.
Ce voile qu’on retrouve sur de nombreuses toiles est semblable à un songe ou un rêve qui serait comme une porte d’accès aux couleurs de son enfance. Est-ce là l’explication de ces ambiances floutées qui font de ses personnages des êtres aériens, nourris de songe et de mystère ?
C’est peut-être aussi la raison pour laquelle l’artiste donne l’impression de garder ses distances avec son sujet : les personnages ne dirigent jamais leur regard vers elle, ils s’affranchissent de sa présence pour mieux conserver l’intensité de l’instant. Par humilité et bienveillance, mais aussi par professionnalisme, l’artiste a le souci de ne pas rompre cette intimité, qu’elle soit songe individuel ou complicité partagée entre amis, des instants qu’on pourrait qualifier « d’intimitié ».
Roland Pelurson




